lundi 31 octobre 2011

Echalas, pierres à cupules

Il s’agit d’une région, le Pilat, dont la richesse de son passé est encore quasiment toute à découvrir. Pourtant, nombreux sont les ouvrages faisant mention de découvertes ou remises à jour faites au fil de travaux de terrassement publics ou forestiers. Souvent ce sont les mêmes sites, à quelque chose près, qui remontent au fil des ouvrages, sans plus grande surprise. Et pourtant il reste tant et tant de chose à trouver et transmettre avant que trop de disparitions n’aient lieu pour des raisons plus ou moins acceptables.
Pour l’instant, en ce qui nous concerne, nous tentons d’abord une première approche de ces secteurs, débordant souvent les frontières du PRNP, occupé aux époques primitives de l’Homme. Notre prospection ne se portera sans doute pas sur les premiers spécimens humains, messieurs Neandertal, Cro-Magnon, Homo sapiens et ‘Tautavelien’, mais plutôt à la suite de nos ancêtres des âges de la pierre taillée puis polie. Ils laissèrent des vestiges quasiment partout sur nos vieux territoires sans qu’on n’ait vraiment pu régler sérieusement les questions soulevées par ce qu’ils laissèrent et qui permirent à tous, et n’importe qui, d’y ajouter une sauce plus ou moins goûteuse.


Projet et réalités

N’ayant pas la prétention d’apporter ici la moindre explication au ‘pourquoi’ de cette interrogation, nous nous contentons d’observer ce qui l’est encore et peut entrer dans une sorte de mémoire qui se présenterait sous la forme d’un répertoire ‘fichier + localisation topographique’. Il serait possible d’ajouter des ‘commentaires’ dans la mesures où il reste signalés comme ‘hypothèse ou probabilité’. Nous nous tiendrons éloignés des délires ou irréalités tant que faire se pourra. Cette perspective sera la même pour tous les sites parcourus au fil de nos approches sur ce thème.
Le Parc Naturel du Pilat conservait des archives sur le sujet. Que sont-elles devenues ? Nul ne le sait. Mais le plus rassurant reste qu’on entend parler d’un nouveau répertoire du ‘petit patrimoine’. Qu’en sera-t-il dans 30 ans de ce classement ? Qui veut prendre les paris qu’il n’en restera pas beaucoup plus de trace qu'il n'en reste de certains dossiers comme ceux de Lupé, Champailler ou encore le plafond à coffrage de Bourg-Argental et quelques autres de votre serviteur?





Échalas

Pierre à Cupules
Chemin creux
Minéraux


Échalas…
Voici ce que disent quelques sites internautiques sur le Pilat, plus qualifiés que nous pour résumer ce territoire et son passé survolé sommairement.

fr.wikipedia.org/wiki/Échalas :
« C'est un paradis pour les promeneurs : quatre sentiers pédestres balisés proposent un tour d'horizon de la commune et de la nature environnante, pour découvrir au gré des balades, les maisons anciennes, une vierge étrange en bois dans une petite niche, le point culminant de la commune à 560 mètres (le Pet du loup). On ne peut pas passer dans Echalas sans visiter l'église Saint-Martin. Remontons le temps et retrouvons-nous en 850, date à laquelle les moines construisirent une petite chapelle et défrichèrent l'emplacement du village. Vers le début du xiiie siècle, le seigneur d'Echalas, qui revenait d'une croisade, fit construire une chapelle gothique en pierre pouvant accueillir 150 personnes et qui fut achevée en 1221. Il la paya de ses deniers et mit son blason, comme signature, à la clef de voûte du chœur et au sommet du contrefort sud-est. Vers 1550, pour protéger les chalarons des incursions des brigands et de la peste, la famille Michon fit édifier le clocher massif de style roman, et la chapelle sous le clocher. Cette chapelle est dédiée à Notre-Dame de la Piété ».

Site internet du Parc du Pilat :
« Eglise paroissiale de style « ogive » du 15e. Elle a une nef avec deux chapelles formant le transept. Le clocher, du 16e ou 17e siècle, est sur le transept gauche : il est carré et trapu. Les voûtes du chœur et du transept sont primitives, en pierres plates du Pilat avec revêtement de mortier. Sur l'une d'elles, se trouve actuellement les armes des Riveries. L'église présente également un porche abri, le seul de la région avec celui de Tartaras. A l'intérieur, l'édifice comporte de nombreuses statues (Sainte-Claire, Saint-Blaise, Saint-Lazare, Sainte-Catherine, Vierge à l'enfant), des reliques de Saint-Martin ainsi que celles de Saint-Clair et Saint-Illuminé, un vitrail représentant Saint-Martin sur son cheval, partageant son manteau, et la chapelle Notre Dame de la pitié. Dans la sacristie, on trouve également de magnifiques chasubles brodées et une bannière en soie de 1849 représentant Saint-Martin ».

Quand à nous, nous ajoutons que, dans l’église, ces statues (citées ci-dessus) remarquables estimées et classées par les Monuments de France, méritent toute notre attention et plus encore par un détour pour être contemplées. Il en est tout autant pour le blason en relief, coloré, gravé en haut sur l’inclinaison d’un contrefort extérieur du chœur. Il servira de base pour celui de la commune.
Échalas est une commune dont le territoire relativement étendu comprend plusieurs sites remarquables retenant toute notre attention depuis des décennies à plus d’un titre. Dans un premier temps nous donnons, pour rappel, les vestiges du château des Chances sur lequel nous reviendrons assez rapidement, et qui se trouve sur cette commune.
On lit, à ce sujet sur le site ‘cc-condrieu.mairies69.net’ :
« La Chance, près du Pilon, sur Longes, fut le site d’un péage entre 100 à 1400 environ et… celui d’un château fort construit par les Lavieu, possédé par les Roussillon, les La Chance, Les Chol et les Mazenod ! ». Tous ces noms de familles se retrouvent, à un moment ou l’autre, dans le passé de la chartreuse de Ste Croix en Jarez.

Des pierres comme pour le Petit Poucet

Nous savons qu’il existe quelques endroits où l’humain mit ses pieds il y a des milliers d’années. Cependant ce n’est pas dans ces traces que se trouvent ce qu’on appelle la catégorie des ‘mégalithes’. C’est pourtant ces mémoires de pierre que nous pouvons trouver assez facilement que nous explorons.
Plusieurs de ces éléments de pierre sont déjà répertoriés complètement ou partiellement quand le site et très étend et, de fait, avec des confins inconnus.
A ce propos nous sommes sur le territoire d’un lieu du nom de Gonty. Dans le milieu feutré des chasseurs de mégalithes, il est une pierre connue sous le nom de ‘pierre du (ou de) Gonty’.

Gonty. Réalité et sottises

Depuis des décennies, on nous bombarde, sur cette roche émergente une affirmation de grande taille. De très grande taille même puisqu'on nous raconte que sur la face inclinée, celle orientée sensiblement vers le Pilat, de cette roche se serait trouvée une main de dimension impressionnante. On exprime cette anormale importance à l'aide d'une comparaison avec la main d'un personnage accroupi et tendant, la sienne à la même hauteur que celle prétendue gravée. Le résultat est stupéfiant. Stupéfiant jusqu'au moment où on constate que cette figure est soulignée par un trait de craie.

Un tracé douteux pour lequel on ne mettrait pas sa main à couper

On pense en toute logique, et innocence, que ce tracé n'est là que pour accentuer des gravures peu faciles à distinguer sur la pierre. C'est ce que nous avons cru, crédules depuis des années et des années, jusqu'au moment où nous sommes allés visiter ce site pour d'autres éléments. Et bien, nous avons eu beau faire preuve de très bonne volonté et réessayer plusieurs fois, nous n'avons rien vu des contours en creux d'une main tels qu'ils nous sont montrés sur certaines photographies. Face à cette interrogation on peut se demander, à juste titre, si nous ne serions pas devant un choix délicat : d'abord penser que l'érosion au fil des 30 dernières années finit par avoir raison des gravures pourtant millénaires, ou si on peut penser à une farce de potaches en dernière année d'étude sur le mégalithisme. Certes nous ne dirons certainement pas qu'on s'est moqué de nous, encore que nous n'en donnerions certainement pas notre main à couper.

L'énigme des cupules

Si ceci est dit à toute fin de remettre certaines choses à leur place, il faut surtout parler et montrer ce qu'on peut voir sans crainte de se faire prendre pour des dindons. Et c'est sur le dessus de cette pierre que le curieux trouve de nombreuses cupules. Sur ce mot, il sera temps d'enfin tenter une approche des différentes explications tenues à notre disposition par des scientifiques ou tout autre. Ces cupules avaient forcément une importance à l'époque où elles sont faites et ce qu'elles nous laissent doit être considéré comme une forme de mémoire que l'usure du temps respecte sans se demander ce qu'il en sera de l'Homme à cet égard. Cartes stellaires, usage pour un culte oublié agraire ou autres peut-être accessoirement plus... cruel.
Si l'usage d'un rite peut s'entendre pour des cupules d'une capacité égale à celle d'un bol, pour les plus petites, de la taille d'une pièce d'un euro il ne saurait être question d'une contenance prévue sauf évidemment celle de l'eau pluviale. Encore, à notre sens, que rien ne prouve que ces petits récipient figés dans la pierre n'aient pas été couverts ou fermés en dehors des moments où leur usage était appliqué. Si rien ne le prouve rien non plus ne peut l'invalider.
Ici, dans le cas présent, nous avons plusieurs dizaines de petites cupules et deux ou trois de plus grande capacité. Il y a également des entailles partant ou arrivant à ces réceptacles ou montrant des écoulements carrément tournés vers l'extérieur. Ajoutons que si ces entailles laissent couler un liquide des plus fluides sans obstacle on imagine mal le même écoulement avec des produits plus épais comme du sang par exemple. Ce genre de réflexion exclut l'idée de sacrifice sanguinolent comme on nous le laisse supposer trop souvent. Alors ? Et bien si on veut supposer une sorte de système d'observation depuis le miroir en reflet dans l'eau d'une importante cupule on notera que la vision est inversée. Problème imprévu ou pourquoi pas une utilisation dans ce sens ? De plus, l'observation stellaire peut permettre de voir défiler la voûte céleste au rythme des saisons et de fait de disposer un calendrier assez précis pour ces époques permettant de définir les moments de la vie annuelle indispensables à la communauté : fêtes rituelles, saisonnières, agraires ou toute autre. Il est également à supposer que celui, celle, qui savait user de cette méthode de calcul calendaire prenait aux yeux de son clan l'importance primordiale d'un chef, initié ou 'sorcier'. Certes, rien ne prouve ces remarques, cependant elles sont peut-être pas si loin d'une réalité dont nous ne savons pas, ou plus grand chose à présent.
Sur ce site, on note que seule cette pierre émergente est connue. Pourtant on reste étonnés, surpris du fait que nos ténors en pilateries diverses n'en fassent pas mention... car d'autres gisements rocheux, à cupules, se trouvant aux proches alentours contiennent de bonnes surprises néolithiques sur lesquelles nous reviendrons forcément à la suite des autres approches.


Un site sans nom

Voyons, à présent, un second site 'mégalithique' sur cette commune, peu éloigné de la 'pierre de Gonty'. Cependant cet endroit est probablement si peu connu qu'il ne porte aucun nom. Nous sommes en présence d'une autre émergence rocheuse de la même nature que la roche précédente. Comme celle-ci, elle comporte de petites et grosses cupules. On y voit aussi des entailles d'environ 25cm de long. À la différence du Gonty, ces rainures, de même profondeur, sont quasiment parallèles et se réunissent pour former la pointe d'une flèche du type directionnelle. Nous sommes conscients que cette vision puisse être arbitraire. Rien effectivement ne permet, à ce stade, de croire à l'illustration d'une flèche avec le symbole habituel que nous lui donnons car rien ne permet de penser, qu'aux époques néolithiques, une direction soit donnée par une flèche pouvant représenter autre chose qu'un cheminement ou tout autre chose dont nous ne savons rien. Pour le moment nous dirons pour résumer que ce tracé forme une flèche, jusqu'à nouvel ordre.
Près d'une vingtaine de cupules de différentes dimensions sont visibles. L'environnement de la roche laisse penser que sous la terre et les déchets végétaux peuvent se trouver d'autres gravures. C'est le projet de notre prochaine sortie sur ce site.

Un chemin riche en surprises minérales
Le trajet, que nous utilisons pour arriver au lieu de notre prospection, emprunte un chemin contournant le sommet où se trouve la pierre pour continuer à la quasi même hauteur, alors qu'il aurait pu couper droit en passant sur, ou à côté, de l'objet de notre attention. La sommité est donc ainsi protégée du passant inattentif ou honorée, respectée ou superstitieusement crainte. C'est selon la pensée de celui qui aborde le sujet.
Mais ce n'est pas encore tout car dans le lit du chemin, en amont, quasiment à hauteur de la résurgence on trouve des minéraux de deux sortes. D'abord de beaux éclats de quartz laiteux (comme au trou de la lune ou aux Roches de Merlin) et ensuite des morceaux d'une roche noirâtre, luisante, à la surface copieusement gravelée. Ces derniers, de prime abord, ressemblant à des déchets de fonderie sommaire, il serait intéressant de savoir si la moindre industrie métallurgique du genre a pu exister dans les quelques siècles passés. Sans indice dans ce sens, il resterait à supposer une exploitation médiévale, voire antique. Pour cette dernière hypothèse, après tout bien acceptable, on imagine une sorte de petit autel dédié à quelques obscures divinités portées sur les mines ou la métallurgie naissante, avait toute sa place à proximité de telles exploitations. Par autel, il ne faut pas forcément entendre ceux des romains, taillés et aménagés, mais peut-être des emplacements fait de quelques pierres ou aménagements 'cupulaires' dans le socle rocheux pour le contact plus profond avec la terre mère ou les forces chthoniennes appropriées. En matière de minéraux prenons également en compte qu'un filon de barytine et un autre de galène (sulfure de plomb) ne sont pas très éloigné de ce secteur.
Nous finirons à propos de cheminement par dire que celui que nous suivions est peut-être le prolongement d'un autre au-dessus du village étant bel et bien un chemin creux du type de celui à la Croix de Montvieux ayant donné de belles découvertes en matière de petit mobilier des époques gauloises ou celte.

NB : les deux sites répertoriés ici présentent un socle rocheux de même origine géologique que ceux des Roches de Merlin et du 'Trou de la Lune' au dessus de Rive-de-Gier ainsi que d'autres que nous visiterons au fil des investigations suivantes. Observons seulement que ces similitudes proposent quasiment à chaque fois une présence antique et peu éloignée de sites miniers (menhir du Flat par exemple) ou présentant des minéraux particuliers, quartz et autre antimoine pour ne citer que ceux-ci.
André Douzet
le 31 octobre 2011

Un grand merci à notre guide Aurélien pour sa confiance et ses connaissances sur Échalas et alentours. Un grand merci à notre amie Sandrine pour le Gonty, sans qui nous chercherions encore !

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