dimanche 28 août 2011

De Rennes-le-Château au Pilat

Il y a dans l’église de Rennes-le-Château, un message bien en vue, un message que Bérenger Saunière a signalé à notre attention en y travaillant lui-même, puisqu’il serait l’auteur, dit-on, des peintures qui le décorent. Le lecteur aura compris que nous voulons parler de la représentation de Marie-Madeleine placée sur le devant de l’autel, dans l’axe de l’allée centrale.
“per magdalenae lacrymas”
C’est une représentation traitée en bas relief, Marie Madeleine est agenouillée, mains croisées, au pied d’une croix rustique, composée de deux rameaux de bois vert, mal ébranchés, liés par un noeud. Une grotte sombre sert de cadre à cette scène. Il s’agit d’une représentation classique de la sainte. La grotte est celle où elle vint finir ses jours, si l’on en croit la légende, à la Sainte-Baume.
Les autres éléments sont aussi les attributs habituels de Sainte Marie Madeleine: le livre est l’évangile dont elle médite l’enseignement, le crâne pourrait être celui de Jacques le Majeur, l’une des reliques apportées de Palestine par les “Saintes Maries de la mer”. Traditionnellement ce crâne à le faciès d’un homme du “magdalénien”. Toutes les représentations de Marie-Madeleine sont à peu près identiques.
Concernant Rennes-le-Château, il y a encore dans l’église une statue de la sainte qui reprend les mêmes attributs: croix de bois vert mal ébranché, crâne humain, vase, et livre ouvert ...

La région du Pilat
Avant d’aborder le message caché dans le bas-relief, il nous faut essayer de nous mettre à la place de Béranger Saunière au moment de la mise à jour de son “secret”: quelles pistes s’offraient à lui, et où le conduisaient-elles? Nous savons que notre curé ne resta pas centré sur Rennes-le-Château mais voyagea beaucoup... Il avait donc sûrement plusieurs filons à explorer...
Autant le dire tout de suite; deux pistes nous ont conduit dans une région montagneuse du Massif Central, le Mont Pilat. Ce secteur constitue la pointe nord-est de la chaîne des Cévennes, il est bordé par le Rhône à l’est, et par le Gier au nord, avec un point culminant à 1434m. C’est une frontière naturelle et géographique, limite à l’époque romaine entre trois provinces: l’Aquitaine, la Lugdunaise, et la Narbonnaise. C’est aussi un carrefour où se côtoyèrent plusieurs influences, tant au niveau linguistique (limite entre les parlers d’Oc, d’Oil, et Franco-Provençal), que cultuel ou architectural.

Razès et Pilat
Et, enfin, si le Pilat parait bien loin de Rennes-leChâteau, cette montagne marquait encore la limite territoriale du Languedoc, auquel appartient le Razès. Jadis, c’était la même province. Et tout comme le Razès, le Pilat était autrefois sauvage et désertique; on y trouve justement plusieurs lieux-dits “les Razes” ou “le Raza”, dont l’étymologie est identique à celle du Razès: terre “rase”, désertique... Pays de légendes aussi, le Pilat possède de multiples traces de son passé, de l’époque mégalithique, ou du Moyen-âge qui le vit occupé par les châteaux forts des familles nobles ou par les monastères des ordres religieux. Le Pilat qui possédait des vallées particulièrement reculées vit l’une d’elles servir de cadre à l’implantation d’une chartreuse, Sainte-Croix-en-Jarez, dont nous aurons à reparler...
Et puis il ne faut pas oublier que la Tradition explique que l’origine du mot Pilat vient du fait que Ponce Pilate, rongé de remord, cantonné à Vienne (?) “aurait cherché le pardon” dans le massif du Pilat... et on est en droit de se demander pourquoi justement en ce lieu? Pour les uns il s’y serait suicidé en se précipitant dans le gouffre de la source du Gier. Pour d’autre il y aurait trouvé “expiations” et aurait poursuivi son chemin jusqu’au Pilat... en Suisse!
Comment sommes-nous arrivés jusqu’au Pilat? Nous devons avouer que nous en avions une forte connaissance préalable, et que depuis longtemps nous avions été saisis par la similitude existant entre le tableau ornant une chapelle du Pilat et le bas-relief de la Madeleine à Rennes-le-Château. Restait à trouver le lien, si lien il y avait, entre les deux... Quels éléments auraient attirés Bérenger Saunière en ces lieux, Quelles pistes aurait-il suivi? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre maintenant.

La piste des ours
Nous partirons d’une première hypothèse: le “secret de Rennes-le-Château” est lié à Marie-Madeleine, dont Bérenger Saunière aurait découvert le refuge. Le prêtre qu’était Saunière connaissait forcément la vie des saints et leurs lieux de pèlerinage. Il savait que des reliques de Sainte Marie-Madeleine étaient vénérées en Bourgogne à l’abbaye de Vézelay.
Nous partirons du principe que le refuge renfermait aussi certaines “informations”. Saunière pouvait espérer trouver d’autres parcelles du “secret” en suivant la trace du comte Girard de Roussillon. Bref rappel: c’est ce personnage qui installa au Vézelay les reliques “d’une” Marie-Madeleine, qui ne pouvait pas venir de la Sainte-Baume mais plutôt d’un refuge dans les Corbières...

Les de Roussillon
Qui était Girard de Roussillon? Comte de Barcelone, de Narbonne, de Gascogne, d’Auvergne, de Provence, puis de Bourgogne, il est originaire du Languedoc et ses exploits valeureux en firent le héros de plusieurs “chansons de gestes”. Tous les noms de lieux “Roussillon” dérivent non pas d’une particularité géographique ou géologique “rousse”, mais d’un nom d’homme ou de famille. La province du Roussillon doit son nom à la ville morte de Ruscino, qui elle-même dérive du nom de ses fondateurs Roussillon, ou Russéolus, déformation du nom primitif Urséolus ou Ursus (ours en latin).
Ursus, dernier nom de la généalogie mérovingienne, hélas trop douteuse des “parchemins” de l’affaire de Rennes-le-Château...
La famille de Roussillon se disait “fille de la lune”, tout comme les Mérovingiens se prétendaient “fils des étoiles”... Mais n’oublions pas que la déesse lunaire Artémis, souvent accompagnée d’un ours, se confond avec Marie-Madeleine qui vécut “comme un ours” dans une grotte désignée par une étoile. En extrapolant, “fille de la lune” pourrait devenir “fille de Marie-Madeleine”...

Gérard de Roussillon
Gérard de Roussillon s'oppose, en 870, à Charles le Chauve. Acculé par son armé, il quitte la ville de Vienne (Isère) et se réfugie en une forteresse proche, probablement dans le Pilat. Mais il finit par se rendre... Le roi le laisse partir en exil... Fin de la chanson.
Au XIe S. les Roussillon réapparaissent sur leurs terres du Pilat. Détail curieux: ils entretiennent le culte de Marie-Madeleine et une chapelle Sainte-Madeleine qui appartenait à leur fief de Châteauneuf, près de Rive-de-Gier, possédait les reliques de Saint Lazare, le frère de Marie-Madeleine ressuscité par Jésus, qui aurait débarqué en même temps qu’elles. Par quelle suite de “hasards” ses reliques arrivèrent-elles dans le Pilat?
Béatrix et Marie-Madeleine
Au XIIIe S. leur descendant Guillaume de Roussillon meurt aux croisades. Il lègue à sa veuve Béatrix le manoir de Châteauneuf.
Elle y mène une vie de prière, et voit une nuit, en songe, une croix de lumière entourée d’étoiles. C’est le début d’un récit merveilleux. Dès le lendemain matin Béatrix part à cheval avec sa suite à travers la montagne. La vision se manifeste à nouveau, mais réellement: une croix entourée d’étoile, dont l’une plus grosse et plus brillante. Guidée comme Marie-Madeleine par cette étoile, Béatrix de Roussillon arrive en un lieu où elle fondera la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Elle obtient le privilège d’y finir ses jours, cloîtrée dans un petit appartement attenant à la chartreuse, et ne communicant avec celle-ci que par une étroite archère lui permettant seulement d’entendre, sans les voir, les offices religieux. Tout comme Marie-Madeleine, vit seule et mène une vie d’ermite. Plusieurs fois par jour des anges ravissaient Marie-Madeleine et lui faisaient entendre un concert céleste de même plusieurs fois par jour Béatrix peut entendre le chant des pères chartreux, lors des nombreux offices quotidiens! La comparaison, troublante, révèle le culte que Béatrix devait à la Madeleine.

Une croix de bois vert
Si Bérenger Saunière a suivi la piste des Roussillon, la “piste des ours”, il a du pour cela étudier la généalogie de cette famille et descendre jusqu’à Béatrix, ce qui a pu l’amener tout droit à Sainte-Croix-en-Jarez... Dans l’ancienne chartreuse furent découvertes en 1896 des peintures murales du XIVe S., dont un “crucifiement” qui présente la singularité de montrer Jésus en croix... de bois vert mal ébranché! C’est à notre connaissance le seul exemple de cette scène où la croix n’est pas un bois de charpente. On peut voir aussi sur la même peinture Marie s’évanouissant de douleur dans les bras des “Saintes Femmes”, à savoir Marthe et Marie Madeleine, laquelle jette un dernier regard empli d’amour et de désespoir en direction de Jésus. Au pied de la croix un vase recueille le sang du Christ.
De l’autre coté l’apôtre Jean tient un livre... fermé. Un tableau peut en cacher un autre: si on isole tous ces éléments, il ne reste plus que Marie-Madeleine, une croix de bois vert mal ébranché, un vase, un livre, soit la représentation classique de la sainte. Il ne manque que le crâne, invisible mais pourtant présent puisque le calvaire fut planté sur le Golgotha ou “mont du crâne”...

Un rare symbole
C’est en 1896 aussi que Saunière restaure son église et y place deux représentations de Madeleine, avec la même croix de bois vert... Hasard? Mais il place aussi à l’entrée de l’église deux formules latines ‘in hoc signo vinces” (par ce signe tu vaincras) et “lumen in coelo” (lumière dans le ciel. La première s’applique à l’empereur Constantin, qui vit apparaître une croix lumineuse, la seconde au pape Léon XIII, dont le blason s’orne d’une étoile. ou allusion à la vision de Béatrix de Roussillon?
Guillaume de Roussillon laissa t’il à la garde de son épouse des “éléments” concernant Marie-Madeleine? Celle-ci légua t-elle ce “dépôt” aux chartreux de Sainte-Croix, qui l’auraient signalé par de curieux détails dans les peintures murales? Au XVIIe S. intervient dans l’histoire du monastère un prieur énigmatique: Dom Polycarpe de la Rivière... Enigmatique car on ignore tout de ses origines, bien qu’il se dise natif de Velay, et on ignore tout de sa “fin” puisqu’il disparaît mystérieusement lors d’une cure dans le secteur de Ballaruc... près de Montpellier. C’est du moins dans cette région que l’on perd sa trace.

Origine royale et religieuse
Erudit, auteur de nombreux ouvrages, il entreprend à Sainte-Croix de vaste travaux et met, semble t’il, à jour un dépôt plus spirituel que matériel. Il est ensuite nommé prieur de la chartreuse de Bordeaux, puis de Bompas en Provence près d’Avignon.
C’est là qu’il commence la rédaction d’un vaste ouvrage sur l’histoire de l’Eglise dans la région d’Avignon, comprenant le diocèse d’Aix-en-provence dont dépend... la Sainte-Baume. L’ouvrage sera interdit par le Vatican... Dom Polycarpe possède-t-il des sources d’information particulières sur Marie-madeleine? On sait qu’il écrivit un livre formidable sur Marie Madeleine et les sept dormants d’Ephèse. Il précise que cet ouvrage contient des informations inédites sur la fin de Marie-Madeleine ainsi que sur d’autres aspects de ce culte et ses dérivés. Cet écrit est pratiquement introuvable aujourd’hui... sauf dans une collection privée de la région du Roussillon... C’est encore Polycarpe qui assura qu’Avignon avait été fondée par saint Ruf, premier évêque de Tortosa (Espagne). Or cet évêque se nommait en réalité... Ursus! La lettre “S” s’écrivait jadis d’un façon presque identique à la lettre “F”, RUF pourrait signifier RUS. Est-ce un “jeu de mots” de Polycarpe pour signifier le passage de URSUS à RUS... première syllabe de Russeolus ou de Ruscino?

La société des anges
Polycarpe de la Rivière appartenait (deux écrits restent dans ses archives) probablement à la “Société des Anges” ou “Société Angélique”, à laquelle était également affilié, et en même temps, Nicolas Poussin... Deux siècles plus tard, on retrouve cette société en filigrane dans l’affaire de Rennes-le-Château! On sait aussi de source sûre que Polycarpe correspondait avec une confrérie Gouliarde, donc il ne pouvait être qu’habitué à manipuler la “Langue des Oiseaux”... dite “des initiés”!
L’abbé Gélis, de Coustaussa, village situé face à Rennes-le-Château, au courant sûrement de certains secrets, est assassiné; on ne retrouvera jamais le coupable mais seulement, en guise de signature, l’inscription “Viva Angélina”. Sa tombe, tournée vers Rennes-le-Château, s’orne d’une rose stylisée ayant une croix en son centre.
Face au Pilat est le village de Saint-Andéol-le-Château, où les Chartreux de sainte-Croix avaient quelques possessions: on y retrouve un symbole identique, sur une tombe anonyme du cimetière... on sait aussi qu’un écrivain du nom de S. U. ZANNE vint y écrire un étrange manuscrit sur... les anges! Cet écrit est aujourd’hui, curieusement, pratiquement introuvable et sans dépôt légal. Un exemplaire existait de manière formelle dans la même bibliothèque que les travaux de Polycarpe.
Si la “Société Angélique” a suivi, mais dans l’autre sens, la piste des Roussillon, c’est peut-être ce qui l’a conduite dan le Razès...
Ajoutons que l’un des nombreux manuscrits de Polycarpe de la Rivière parle d’un mystérieux trésor et conclue par cette phrase en guise d’avertissement: “Rendez au Roy Denys le Thrésor d’or que vous avez trové”. “Rendez au roi” se dit, en latin, “Reddis Regis”...

La piste des loups
Deuxième hypothèse: le “secret” est lié à la généalogie des Mérovingiens (les deux théories ne sont d’ailleurs pas incompatibles). Le problème du fameux “troisième parchemin” n’est toujours pas résolu, et ne le sera sûrement jamais: tout est-il faux, ou Bérenger Saunière a-t-il vraiement découvert une généalogie mérovingienne, mais différente de la généalogie “romanesque”?
Si nous évoquons la charte d’Aaon qui reconnaissait une origine mérovingienne à plusieurs familles. Parmi celle-ci était la famille LUPPE qui prétendait, documents à l’appui, être du sang de Mérové lui-même.
Notons cette remarque en aparté: L’Eglise connaît un saint Ours et un saint Loup, ce dernier succédant au premier à l’évêché de Troyes. Si le prénom Loup est toujours à la mode -on connaît plusieurs Jean-loup- personne ne se prénomme Ours!
Si bérenger Saunière s’intéressait à la descendance des Mérovingiens, il n’a pas manqué de chercher ces “Luppé”. Les autres famille (les Montesquiou, les Gallard, les Comminges, les Gramont) sont connues et répertoriées dans “l’armorial des principales maisons du royaume”, il n’en est pas de même pour les Luppé. Or il n’y a que deux lieux portant ce nom en France: Lupé dans le Gers, et Lupé... dans le Pilat! Et le château de ce village fut bien la demeure d’une famille du même nom... (dans Luppé le doublement du P n’est qu’une “variante intensive” de Lupé).

Une étrange maison oubliée
Laissons maintenant Pélussin et suivons le sentier.
Après avoir passé la “Pierre des Morts” nous parvenons au hameau de Champailler. Ici le temps semble s’être arrêté: silence et pierres.
Le promeneur non averti fera une courte halte, près de la fontaine sortant d’une grosse bâtisse, et puis poursuivra son cheminement. Nous allons y regarder ce qui est caché.
Il s’agit là d’une ferme conséquente au milieu du hameau, probablement la plus ancienne. Un e source est captée à l’intérieur et ressort dans un “bachat” à l’extérieur. Outre cette curiosité fort utile et pratique, plusieurs détails méritent notre attention.
- La façade côté chemin est ornée de plusieurs ouvertures moulurées de style gothique. Sur le tableau de fenêtre on distingue une sculpture étrange. Il s’agit d’une pierre vaguement carrée sur laquelle se détache une figure à cinq côtés, un pentagramme. A l’intérieur trois formes:
- ”L’axe” de cette scène est constitué par une silhouette à la fois anthropomorphe et cruciforme.
- Sous les deux bras de cette “crucifixion” deux êtres plus petits équilibrent l’ensemble.
- Celui de droite, agenouillé, en attitude suppliante ou de prière, mains et bras tendus touchant cette crois antropoïde; le trait ample de son vêtement pourrait vouloir symboliser une femme.
- Le personnage de gauche, mains sur les hanches, l’air “suffisant”, ne touche pas la croix. Les traits qui entourent son dos dessinent indiscutablement... des ailes d’ange.

Ce qui est caché
Mais le plus curieux est encore à l’intérieur du bâtiment. Une fois dedans se trouvent, à peine à deux mètres, les murs d’une autre construction extrêmement ancienne. Comme une sorte d’étui ou de cocon dont la seule mission serait de défier le temps et la vue du passant.
Au sud-ouest dans cette deuxième muraille, une ouverture de porte murée. L’encadrement de cette dernière, d’un très pur style gothique est visiblement d’époque. La base des moulures commence sur d’étranges dessins: triangles complets ou tronqués aux sommets, puis des segments de courbes superposés. Le somment de l’encadrement d’ouverture se termine sur une croix potencée... désaxée ostensiblement de 7 à 8 degrés.
Au dessous se trouve ce que l’on pourrait, de prime abord, prendre pour une fleur de lys stylisée est en vérité... un fer de pique “GARDIAN”, tel qu’on peut le voir sur l’emblème de la Camargue!

Chemin d’un autre temps
Après cette halte, le chemin grimpe vers les sommets à travers une belle forêt de montagne. es lieux alentours sont à retenir: “Le Purgatoire”, “Le Paradis”, “L’Hermite”, “L’enfer”...
Une chapelle se présente, elle est dédiée à St Antoine l’Ermite. A l’intérieur une statut du saint est, là encore, identique à celle de Rennes-le-Château. Evidemment toutes les statues d’un même saint sont à peu près identiques. Le plus étonnant est de retrouver les mêmes saints à la fois dans l’église de Rennes-le-Château, et sur cette piste du Pilat. Grimpant toujours, le chemin prend le temps d’un détour par deux petits hameaux hors du temps, puis repart en direction des sommets. A ce niveau il possède encore son pavage d’origine. On atteint enfin la “Trève du Loup”. Dans cette solitude désertique seulement troublée par le gargouillis des sources, s’élève une deuxième chapelle solitaire. C’est la fin du chemin, sans autre issue, fortement défendu par la maison de Champailler. L’ultime but de notre piste semble aussi modeste et rustique que l’est en force et soins la maison de défense de Champailler! A raison on se demande vraiment ce qui pouvait motiver un pareil luxe de sûreté pour un aussi pauvre endroit sans style ni vraie valeur religieuse... Cette chapelle, en forme de petite grange du Pilat est pourtant dédiée à Sainte Marie Madeleine! A l’intérieur un simple tableau en est le seul ornement: c’est une nouvelle représentation classique de Marie-Madeleine, mais la ressemblance avec le bas-relief de Rennes-le-Château est saisissante!

Pillages
Si Bérenger Saunière a suivi la piste des Lupé, la “piste des loups”, il est arrivé jusqu’à cette chapelle et a pu se servir de son tableau comme modèle pour le bas-relief de Rennes-le-Château... comme modèle, et comme clé de cryptage. Il y eut quelques exactions commises dans cette petite chapelle: plusieurs fois des “vandales” s’introduirent en défonçant la porte. Etranges pillards qui se contentèrent de ne prendre que certains ex-votos... ou vielles pierres entreposées ici sans la moindre valeur. Voleurs sans connaissance ou... “amateurs averti”?
Avant d’aller plus avant précisons qu’à partir du moment ou nous effectuions un relevé complet et très précis de tout ceci, les vestiges de la maisons de Champailler furent totalement détruits... Si ces actes sont irréversibles sur le plan du patrimoine général, il s’avèrent inefficaces sur le plan de la mémoire car nous en avons dressé des relevés complet ainsi que des dizaines de photographies et plusieurs films vidéos en présence de témoins irréfutables...

Le temps des Falatiers
- Au Xe S; la famille de Falatier prend possession des domaines de Lupé. A ce moment Malleval et Lupé sont sous la même autorité. C’est à cette époque que le château prend la forme de base que nous lui connaissons. Certains écrits, dont ceux de G.M. de Waldan, relate que les tours de ce château avec les tourelles de l’enceinte secondaire auraient été implantée selon la projection de la Grande Ourse... avec pour axe principal la Polaire! Il faut ajouter que le plan du corps seigneurial se présente sous la forme d’un polygone à 7 côtés!
- Fin de l’an 1274, le Pape, le Roi de France, l’Archevêque de Lyon et l’Evêque de Vienne séjournent simultanément à Lupé... On ne sait pourquoi, mais ce genre de réunion devait demander une solide intendance, et surtout des raisons extrêmement capitales pour se dérouler dans ce petit et insignifiant château retirer de tout.
- Guigue de Falatier et ses fils font partie de la dernière vague de renforts envoyés sur ordre royal aux derniers croisés retranchés dans St Jean d’Acre... Sous les ordres de Guillaume de Roussillon, l’époux de Béatrix fondatrice de Ste Croix. Seul Guigue reviendra de ce désastre suicidaire. Notons au passage que la mission de cette ultime expédition était de se mettre sous l’autorité des Chevaliers du Temple... “pour sauver de l’essentiel ce que peut”. Nous ne savons toujours pas de quoi était composer cet “essentiel”?

Alliance avec la maison d’Arques
-
Puis le domaine de Lupé passe, par alliance aux de Gaste.
un fait très curieux, sous cette famille, mérite que l’on s’y arrête. Nous sommes à une époque où la chute du Temple est consommée. Pourtant on peut consulter un document attestant d’une transaction, passée au Puy en Velay, entre Guillaume de Gaste et les Templier de Marlhette (la seul maison du Temple dans le Pilat). Jusque là rien de bien étrange. Mais si nous précisons que ce document est daté de 1339, nous pouvons manifester une certaine surprise puisque l’ordre du Temple est suspendu depuis 1312, date du concile de Vienne... au pied du Pilat!
- Les de Gaste était également seigneurs de Villars et de Vauvert. Ils détenaient le droit de haute et basse justice par faveur royale par le fait d’être seigneurs de Lupé!
- Puis il y a double alliance entre les de Gaste et les de Joyeuse;
1) Anne de Gaste épouse François de Joyeuse.
2) Claude de Gaste (son frère) épouse Françoise de Joyeuse, tante du cardinal de Joyeuse.
Cette double alliance pourrait être tout à fait ordinaire si nous ne nous rappelions pas que les de Joyeuse étaient seigneur d’Arques... Alors pourquoi en plus une double alliance sur le frère et la soeur de Gaste avec les sires d’Arques... dont les domaines sont distants de plus de 450 km... et sans aucune chance apparente de former une extension de territoire ou autre alliance de raison... à moins, c’est évident, qu’il n’y ait une raison majeure et impérieuse. Et ce dut être le cas, mais qu’elle raison?

L’énigme des Urfe
- De l’union de Claude de Gaste et de Françoise de Joyeuse naîtront quatre enfants. L’une d’eux, Marguerite de Gaste, sera chantée par Anne d’Urfé... qui en était follement épris.
Les Urfé? Mais qui sont-ils?
Les Urfé doivent leur nom à la dérive des Ulfe et des Wulff... encore des loup, mais germaniques cette fois!
Honoré d’Urfé écrira “l’Astrée” dont tant de passage se rattachent aux “loups”, déguisés ou non, aux Volques Tectosages, à Lycidas, Olympe fille de Lupeandre... identifiée à Marguerite de Gastes Lupé! Il est certain à la lecture de l’Astrée et au vue des symboles du château d’Urfé que nous ne pouvons nier le haut degré d’initiation des familles d’Urfé et de celles qui fréquentaient ces lieux.
- 19 décembre 1598, Catherine de Meuillon, dame de Lupé, épouse Rostaing de la Baume Comte de Suze. C’est elle qui négociera avec Polycarpe de la Rivière, prieur Chartreux en place à Ste Croix-en-Jarez, pour le rachat à prix d’or de “Fief Lacombe”. En vérité sur ce lieu, un puits de mine aurait été ouvert pour en extraire du plomb... par des ouvriers hautement qualifiés venus expressément d’Allemagne! Ces faits sont confirmés par Blumenstein chargé, sur ordre royal, d’estimer les mines cartusiennes en 1741. Cet expert minier travaillait au même moment pour les Urfé. La mine de “Fief Lacombe” s’appelait “Trou du Loup”!

André Douzet

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