dimanche 28 août 2011

Madame la Mort... un étrange bas-relief dans le grand cloître

Le cloître disparu des Pères Chartreux
Nous franchissons le corridor séparant la première cour des laïcs de la partie exclusivement réservée aux Chartreux. Nous voici maintenant dans la seconde cour du monastère, occupée par des habitations, toutes situées, depuis la révolution, dans les anciennes cellules des moines. Ces dernières étaient rassemblées autour d’un espace formant un ‘carré long’. Un cloître périphérique permettait aux chartreux de circuler en étant toujours à l’abri. Cette construction fut détruite lorsque les cellules devinrent des demeures paysannes vers lesquelles devaient pouvoir circuler aisément les outillages agricoles mobiles… à moins également que ce vestige, rappelant la présence des chartreux, dut parfois faire les frais de quelques gestes d’emportement à ces heures violentes d’un nouveau régime… ou encore servir de carrière de belles pierres de taille, cédées à bas prix par décision révolutionnaire. Cette dernière explication est fort plausible en raison d’un document de 1802, contenant des croquis des arcades du cloître, cataloguées sans doute pour être démontées et remontées dans le même ordre, peut-être selon les commandes. Il reste également la possibilité que les tombes des moines, ou du moins une certaine partie de celles-ci, se soient trouvées dans un emplacement de cet espace central laissé libre. Ajoutons que cette ‘cour’ des chartreux disposait d’une rampe d’accès donnant sur la face nord sous les jardins des pères.
Aux généreux bienfaiteurs …
Nous dirigeons nos pas vers le côté sud de la cour. Les entrées des anciennes cellules sont habituellement surmontées d’armoiries. Ces dernières sont le plus souvent celles de donateurs ou de familles aisées particulièrement généreuses et attentives à la chartreuse de Sainte Croix. Il est dit qu’à l’origine il y avait un numéro de cellule, et une simple forme de blason sans armes gravée au-dessous du linteau de l’entrée. Au fil des bienfaiteurs leur héraldisme était peint dans la forme du blason… puis effacé dès que cessaient les dons… et enfin remplacé par celui du nouveau donateur. Quant aux largesses, une partie en était réservée pour l’entretien de la cellule, une autre pour les besoins du chartreux vivant dans celle-ci. En échange de tant de générosité, les prières du Père Chartreux étaient adressées plus particulièrement à l’intention de la famille ‘blasonnée’ veillant sur l’hébergement du moine. Il semble que peu à peu les armoiries aient été gravées et non peintes, comme on peut le voir encore en place sur les bâtiments… A moins que certaines familles, particulièrement bienveillantes, aient eu droit à la reconnaissance perpétuelle des religieux se remplaçant dans la cellule concernée.
Saint Bruno, madame la Mort et… un discret ésotérisme
Nous arrêtons nos pas au fond de la cour à gauche. Au-dessus d’une cellule, il ne s’agit plus de numéro ou de blason mais d’une autre représentation nettement plus ‘parlante’ : un bas-relief dont la lecture permet d’accéder à un symbolisme d’une richesse étonnante… à l’ésotérisme discret dont les fines nuances n’échapperont pas à l’initié averti. Ce décor, remarquable par son esthétique et son exceptionnelle conservation, comprend tout de même les identités des commanditaires, ainsi que de petits blasons les illustrant indiscutablement. Le thème de cette gravure représenterait simplement St Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux, méditant sur la mort…
Si le sujet est religieusement bien illustré, nous allons voir que l’on peut trouver, dans ce bas-relief, d’autres éléments nettement plus axés sur un ésotérisme d’excellent niveau. Nous pourrons, accessoirement, nous demander si tous les pères chartreux étaient en mesure de lire de tels éléments et sinon… à qui pouvait s’adresser la teneur d’un tel message ? A ce jour, pour toute réponse, il nous est dit laconiquement qu’il s’agit, simplement, de St Bruno méditant ou contemplant la mort.

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