dimanche 28 août 2011

le Menhir du Flat


Visage menhir du Flat
Le menhir du Flat est un site d’accès aisé, proche de la route et du village de Colombier. Son état, dans l’ensemble, est satisfaisant, au point qu’il est encore possible d’imaginer ce que pouvait être ce lieu à son origine… sans pour autant, hélas, pouvoir définir sa véritable utilité primaire. Ce dernier aspect est toujours d’une approche délicate, tant les théories sont divergentes sur le ‘pourquoi’ mégalithique.
Ce site est également intéressant par le fait qu’il détient le seul menhir reconnu par les autorités du Pilat, sans toutefois que ces dernières ne daignent lui accorder l’intérêt d’une étude plus approfondie.
Peu d’écrits existent, pour ne pas dire aucun, sur ce vestige mégalithique, de la part des grands auteurs anciens. Il faut attendre l’arrivée de jean Combe avec, en 1965, son ‘HISTOIRE DU MONT PILAT - Des temps perdus au XVIIe siècle’, pour commencer à savoir l’existence du site. Cet auteur, novateur contesté (comme le veut la tradition) par les ‘ténors’ experts en « je sais tout … mais je ne sais pas quoi dire», consacre quelques lignes et une belle illustration à ce témoin du passé. Il ajoute aussi sa surprise du fait que messieurs Pierre Gras et Louis Dugas, alors spécialistes en ‘études mégalithiques du Pilat’, n’aient pas accordé la moindre attention à ce site. On trouve plus tard les écrits de Patrick Berlier, remarquables sur le sujet.
Légendes pour un menhir
Concernant le monolithe, plusieurs légendes en sont nées. Il y est forcément question d’interventions merveilleuses ou terrifiantes.
On trouve pêle-mêle le menhir sous la forme d’un caillou (dans sa chaussure) blessant Gargantua arpentant la région… Puis le récit d’une créature ébauchée par le démiurge (lui-même) pour l’un, par un magicien pour l’autre, et dont les traits frustres n’auraient pas été acceptés… cette créature semblant guère docile aux ordres de son créateur… elle finit tristement pétrifiée sur le lieu de l’ébauche. On nous a également assuré qu’avec beaucoup d’attention on entend, contre le mégalithe, son cœur battre ou ses larmes couler (eaux souterraines ?). Sur ce registre, nous avons également une sentinelle, placée là pour veiller sur un trésor (une chèvre d’or avec d’immenses cornes enroulées!), dont les maîtres oublièrent jusqu’à l’existence et qui, disciplinée à l’extrême, fut foudroyée et réduite en pierre au lieu de fuir l’orage du déluge ! Enfin nous avons un récit peut-être plus proche partiellement de la réalité. Cette aventure se serait déroulée au début du siècle dernier. Un journalier agricole, apercevant une sorte de tanière au pied du mégalithe, lance un caillou à l’intérieur. Ce dernier n’en finissant plus de tomber en heurtant les parois, l’homme suppose une profonde cavité que sa curiosité pousse à agrandir. Il se met d’autant plus à l’œuvre qu’il connaît la rumeur qui fait du menhir du Flat la fermeture d’une issue des mines d’or romaines dont les accès étaient dans le vallon est du site. L’homme, maintenant armé d’une longue barre, sonde le trou et l’outil semble lui glisser des mains, happé par l’obscurité souterraine. Il s’en retourne au village pour conter son aventure à une autorité locale. Monsieur le maire n’y est pas, l’instituteur et le garde champêtre non plus… Il reste monsieur le curé à qui l’aventurier confie l’espoir d’une richesse colossale en minerai d’or. Le prêtre, après avoir longuement écouté le récit, sur un ton menaçant réplique : « malheureux… ce n’est pas l’or que tu vas faire sortir de sous le caillou… mais le diable et sa ribambelle d’infernaux… ». Le trou fut aussitôt rebouché… mais depuis, on voit toujours l’affaissement à l’emplacement de la cavité. Qui ira réveiller les hordes infernales sous le menhir… ou en revenir riche de l’or des mines romaines du Flat ?
Une étude inachevée
Vue d'ensemble de la route du site du Flat, en 1988
L’association Vaisseau de Sable avait proposé, en 1988, une série de mesures sur le lieu: un nettoyage du site (au bord d’une décharge publique), une remise en état superficielle du sol, un relevé topo en plan et altitude ainsi qu’une situation astronomique universelle, un dossier photographique complet (y compris infrarouge) et une recherche documentaire étendue également au domaine des traditions et légendes se rapportant au site. Inutile de dire, qu’à part l’attention amicale et les encouragements de Michel Fropier, architecte du Parc Naturel Régional du Pilat, les efforts de cette association restèrent sans suite. C’est donc sans appui d’aucune sorte que quelques travaux de repérages furent toutefois entrepris à titre privé.
Nous joignons pour information les pages 13, 14, 15 et 16 du bulletin n°1 de l’association VdS, concernant les démarches et les relevés opérés sur une face du menhir comportant une gravure de ‘couteau antique’. A l’époque, un moulage de cette gravure avait été fait et nous le conservons toujours à toutes fins utiles.
Il faudra attendre le bulletin suivant de 1989 pour trouver la suite et fin des observations à propos d’une forme de visage ‘dessiné’ sur la face ouest du mégalithe, donc sur le côté opposé au ‘couteau’. Nous donnons copie des pages 29 et 30 de ce bulletin n°2 de VdS afin que le lecteur puisse prendre connaissance de ce qu’il en était peu avant 1990… et ce qu’il en est s’il visite le lieu aujourd’hui.

Trois enceintes et un mégalithe
Visage au centre du menhir (infra-rouge)
C’est du calvaire, près de la route, que l’on peut voir le site dans son ensemble : le mégalithe et le tumulus qui le supporte, ainsi que les restes de la triple enceinte qui l’entourait à l’origine. Depuis ce calvaire, à aucun moment le menhir n’échappe à notre regard. Il semble là pour nous guider et nous attirer vers lui, depuis des temps immémoriaux, avec une force invisible échappant à la raison.
Dans le dernier méandre du chemin, à gauche, des éboulis pierreux nous rappellent la présence des légendaires mines d’or romaines.
Nous entrons rapidement dans ce qui reste de la première enceinte et qui disparaît sous la végétation… et la déprédation des hommes. Il y a encore une vingtaine d’années, on trouvait par endroit, à moindre profondeur, une terre noirâtre témoignant la présence de foyers ponctuels ou de dépôts de cendre rituels déposés dans cette première enceinte défensive ou à but sédentaire. Les vestiges de ce premier périmètre étaient, il y a encore une trentaine d’années, délimités de loin en loin par d’étranges amandes rocheuses du même type que celles encadrant l’antique chemin des Roches de Merlin…
En poursuivant notre progression, on atteint la seconde enceinte, plus nettement attestée par une structure de roches bien alignées selon un tracé… du moins si l’on en croyait ce qu’il restait encore en place… et qui n’existe pratiquement plus maintenant, plus en raison des pillages incessants que des assauts patients de l’érosion naturelle.
On accède enfin à la dernière partie du site par un étroit passage entre plusieurs gros blocs rocheux. Ce périmètre semble réservé exclusivement au menhir lui-même. Cependant, en contrebas, du côté ouest, se trouvaient plusieurs ‘tombelles’. Nous avons pu, vers 1970, en voir une totalement éventrée lors des labours envahissant de plus en plus le site (débris d’ossements, dents et éclats de poteries grisâtres).
Le mégalithe est un bloc granitique local, massif et grossièrement retaillé par endroit. Planté sur son tertre, il domine l’ensemble du lieu de sa masse imposante. Il est possible également qu’il ait été érigé de nombreux siècles après l’édification des enceintes dont il occupe le centre.
Le menhir du Flat est également le point focal de plusieurs ‘glissières’ profondes taillées dans la roche servant de base au tumulus central. Ces gorges sont remarquables par leurs longueurs inhabituelles et nous reviendrons bientôt sur une possible interprétation de leurs fonctions sur ce site.
Côté couteau du menhir - au loin le village de colombier (infra-rouge)
Quelles croyances pouvaient présider à la mise en place de ce site et selon quels critères ? Que pouvaient représenter cet ensemble pour ceux qu’on appelle « les constructeurs de mégalithes » ? Une première manifestation tangible du désir de tendre vers les cieux, les étoiles, les astres sacrés de la nuit et la lumière ? L’usage d’un réceptacle des forces vives de l’Univers, des puissances génératrices et vivifiantes de la Terre Mère ? L’espoir de lancer dans le temps un message confié à la solidité du granit ? Nul n’en sait rien, mais, faute de connaissances précises, ne commettons pas l’erreur de nier à ces ancêtres de l’humanité une certaine culture, ou même la maîtrise de certaines sciences. Songeons pour cela à la nécessaire organisation technique et sociale que suppose le phénomène mégalithique…
André Douzet
Les documents joints sont extraits des bulletins 1 et 2 de l’association Vaisseau de Sable. Reproduction interdite sans autorisation.

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