dimanche 28 août 2011

« THRESORS »… Du plan de ‘Kasari’ au savoir de Polycarpe de la Rivière

L'étrange anonymat de Polycarpe
Voici maintenant la seconde partie de notre chapitre « THRESORS ». Le premier sujet de notre présentation concernait un document retrouvé dans la couverture d’un ouvrage ‘oublié’. L’auteur de ce ‘message’ est resté anonyme… apparemment sans nous laisser l’espoir d’en savoir davantage. Bien que visiblement le tracé date au moins de 1788, donc pas très éloigné dans le temps, il reste difficile d’apporter plus de lumière dans son contexte et jusqu’à plus amples informations.
Pour ce second volet, nous allons remonter le temps jusqu’au 17ème siècle, pour retrouver un personnage qui nous est bien connu : Polycarpe de la Rivière. Cette fois, il s’agit aussi de documents retrouvés dans différentes archives. La personnalité de Polycarpe de la Rivière mérite un petit détour. Cependant, c’est un travail difficile, car dès son entrée dans l’ordre des Chartreux, très curieusement, il prend l’anonymat en utilisant un pseudonyme complet sur son prénom et son nom de famille. S’il est vrai que l’usage d’abandonner son identité en devenant religieux est envisageable, il n’en demeure pas moins que le fait est peu fréquent et qu’il reste des possibilités de retrouver les origines du postulant à l’humilité extrême. Ici, visiblement, il demeure très difficile de retrouver le moindre détail en la matière. Polycarpe a bien fait les choses en ne laissant que très peu d’indices qui permettraient de l’identifier. On peut se demander quels pouvaient être les impératifs motivant ce choix, leur gravité, et surtout si ces derniers sont uniquement ceux de Polycarpe ou… d’une autre volonté ( et en ce cas laquelle )? Car, comme pour l’abbé Bérenger Saunière de Rennes-le-Château, il est tout à fait admissible que cet homme ait été manœuvré avec tant de discrétion que jamais les raisons n’en puissent être établies. Près de trois cents ans plus tard, le mystère reste quasiment entier, et Polycarpe continue de soulever interrogations et polémiques. En effet, certains érudits du 19ème siècle, sans doute un peu amers de ne pas avoir fait eux-mêmes les découvertes de ce prieur, n’hésitèrent pas à salir sa mémoire en le traitant de faussaire et falsificateur… L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

Les découvertes de Polycarpe
A notre connaissance, il y aurait plus d’une vingtaine d’ouvrages recensés de ce prieur et sans doute autant de livres restés au stade de manuscrits non édités. Plusieurs de ces derniers auraient été interdits par la plus haute autorité de l’Eglise à Rome ! A cette somme colossale d’écrits on ajoute plusieurs centaines de pages de manuscrits oubliés dans quelques bibliothèques et archives départementales du sud de la France…
Nous allons maintenant approcher de la découverte faite par Polycarpe de la Rivière, d’abord à la chartreuse de Ste Croix, puis sans doute dans quelques autres lieux de Provence. Par chance pour nous, il eut la prudence de consigner, par écrit, les conditions de ses travaux et de ses découvertes.
Il s'agit de textes écrits de sa main. Les extraits de textes qui suivent, bien que retrouvés dans une Bibliothèque Municipale, n'ont jamais été réédités ou signalés dans aucun ouvrage, à notre connaissance... Ces textes seront intégralement proposés dans un ouvrage en préparation, où toutes les sources bibliographiques seront fournies méticuleusement. Ce sera une autre "facette" de la personnalité ambiguë, mais inconnue de Polycarpe de la Rivière, Prieur de Ste Croix... dont nous avons au moins retrouvé la sépulture.

DOCUMENT N° 1.
sous-titre : DION BOUCHE D'OR.

"... Lequel ayant leu au pied d'une grande statue cete inscriptîo, 'quad aux Kalendes d'avril le soleil battant fur ma tf/te m'aura entourée de fa lumière, j'avray la tfte d'or',& veu qu'a ce fujet la plufpart de fes voifins y accouroient au jour nône, l'un avec des marteaux, l'autre avec des haches, frappas à dos & a vêtue cette povre ftatue, & lui defpeçàs la tefte dâs laquelle ils croyaiêt ce riche théfor eftre caché, lui don jugement beaucoup plus raffis & solide, accôpagné d'un autre philosophe sô femblable s'y trâfporta l'année après, & ayant diligêmment obfervé les rayos du soleil, qui battoiêt fus la tefle de la ftatue, & l'ombre qu'elle formoit fur une pierre proche de là, fit lever cette pierre, &. trouva incontinent fous icelle, ce que les autres attendaient du cerveau de la tefte de l'image. Dot fe tournant au même instant vers fon compagnon, le voyez vous? Ô richeffes et quel autre lieu vous pouvait eftre plus convenable? l'ombre la pierre vous conurêt de cemmêt... "
Ce texte est suivi de:
DOCUMENT N°2
Sans sous-titre: Le texte est transcrit tel qu'il est sur l'original. Sans retrait, rajout ou modification d'aucune sorte.

AB OE H X 7 lettres
124
Abscedens C'est a dire
Gradus Vous reculant, creusez 4 degrés
Quatuor ou marches et vous trouverez un
Sodiens threfor d'or.
Inuenies
Thefaurum Ces 7 lettres grecs trouvée écrite dans une
colonne de marbre.
.Rendez.au.Roy .Denys.le.Thresor.d'or.que.vous
avez trové.

On notera que la dernière phrase comprend une ponctuation serrée entre quasiment chaque mot (Rendez.au.roy.Denys.le.Thresor.d’or.que.vous avez trové ) sauf pour les trois derniers. Cette remarque est nécessaire afin de relater le texte dans son intégralité, car en cas de ‘chiffrage’ chaque détail peut compter ou empêcher d’en retrouver le sens propre.
Polycarpe et la loi du « Qui ne sait pas conteste ! »
Revenons, maintenant, brièvement à Polycarpe et à ses notes. Etranges notes en vérité. Elles ont soulevé d'innombrables protestations et batailles d'érudits, d’archéologues et d’historiens, aussi bien à la fin du XVIIème S. qu'au début du XIXème S. ...
En effet, il est très probable que ce Prieur put découvrir une somme colossale de documents, extrêmement anciens, sur les origines de l'Eglise Romane, ses implants dans nos contrées et certains dépôts "prévisionnels" dispersés en Provence, Narbonnais, Roussillon et dans la région du Forez et Jarez . En outre, ces notes font apparaître des transactions, au niveau des Rois ou plutôt "chefs de guerre" d'époques très reculées. Puis, établissement sous contrôle de seigneurs en mesure, potentiellement, de prendre ou favoriser, un pouvoir autre à une époque plus éloignée. Polycarpe fait étrangement allusion à "...La deuxième année du règne du seigneur Chîldebert Roi, cinquième indiction... "
NB. Le terme ‘indiction’ peut avoir plusieurs significations. A l’époque de ce prieur, il pouvait s’agir d’une convocation à un concile ou synode. Egalement ce terme s’employait comme indication de durée. Exemple : ‘l’indiction’ romaine signifiait une période de 15 ans qui ponctuait les levées extraordinaires d’impôts et aussi la réduction à un chiffre d’une date à plusieurs chiffres.

La dernière levée de boucliers, contre les écrits de Polycarpe, n'est pas très ancienne (19ème S.). Elle permet de constater que, sous la cendre, des braises luisent encore et les passions couvent, toujours prêtes à embraser à nouveau la polémique...
L'église ne semble pas avoir pardonné à Polycarpe de disparaître avec ses précieux documents. En 1875, l'abbé André, et son collègue historien Canron, attaquent violemment, une ultime fois, les documents qu'ils prétendent hypothétiques... courageusement défendus avec autant de vigueur par Le Blanc et Albanès !

Les documents inédits de Polycarpe
Que sont ces documents? Il s'agit en premier lieu de quatre manuscrits historiques. Duprat les décrit assez sommairement et en atteste formellement l'existence. Le premier document est celui d'un certain "Savaron". Les trois autres appartiennent dès lors, selon ses dires, au Prieur Polycarpe de la Rivière, qui dit les tenir des Bénédictins… et de la Chartreuse! A propos de ces documents, voyons ce qu'en disent les historiens:
Annales de la Société d'Etudes Provençales. 1908.
"...On a l'acte de fondation de l'église du lieu. D. Polycarpe de qui on la tient, dit l'avoir extraite des archives d'une abbaye où on a été la chercher inutilement. Les livres de St Denys, pape et d'un certain Accace, sur lesquels ce chartreux s'appuie -dans un siècle où les livres se sont bien plutôt multipliés que perdus- sont tombés dans un anéantissement total. Des quatre manuscrits, bien comptés, qui, outre le fragment de St Amat, ont servi à D. Polycarpe pour composer notre histoire, il n'en est pas un qui existe pour notre consolation; avouons qu'un malheur aussi constant, qui en suppose tant d'autres, est bien propre à faire adorer les jugements de dieu, et à confondre ceux des hommes! Or, c'est de ces manuscrits que sont sortis l'étonnant discours de St Amat, martyrisé par Crocus, et l'incroyable épisode des "cendres des martyrs de Lyon, jetés au Rhône et recueillis par les Avignonais", le sermon qu'Asterius tint en 257, à ses ouailles, pour être enterré à St André, les inscriptions antiques à Diane, à Jupiter, etc? I.'épithaphe du patrice Dynamius, celle de Remegisus, les diplômes de Charles Martel et de Charlemagne et nombres de pièces qu'il serait même trop long d'énumérer... "

Polycarpe et un trésor de documents historiques dangereux?
Polycarpe, lorsqu'il s'entretient de ses documents les intitule: "Bonus et vere aureus codex", "Codex optimae notae et indubitatae fidei", "Codex bene vetustus", "Antiquus et probus noster codex" et à propos d'une épitaphe: "...quam cum alûs qinbusdam fideliter nobis représentât vetuslissimus codex toties a nobis jam supra laitdatus..." Polycarpe travaillant sur ces fabuleux documents s'exprime ainsi: « ...ce qu'il faut descrire de notre thrésor... »
Toujours à propos de ces documents, Mazaugues écrit le 28 août 1717 : « … j’ay lu avec plaisir ce que vous m'écrivez sur D. Polycarpe de la Rivière. Ce que M. Raybaud a de ce Chartreux n'est qu'une très petite partie de ses collections, qui sont aussi inconnues que le sort de son auteur... » Et Léon Ménard le 28 mars 1764: « ...on m'a assuré que feu M Raybaud offrit de vendre aux Chartreux une charretée de titres et de monuments qu'avait laissés Dom Polycarpe, mais que ces religieux n'en voulurent pas... »
Tout ceci semble étayer le fait que Polycarpe découvre, ou retrouve, après "l'avoir extraite des archives d'une abbaye" une somme d'archives et de documents très précieux et uniques. De ces derniers, il exploite et explore plusieurs filières historiques, qu'à sa disparition, plusieurs archivistes et historiens, dont ceux de Rome, cherchent activement à récupérer...
Supposons que Polycarpe ait eu accès à des informations concernant un ou plusieurs "dépôts"... Absolument rien ne laisse entendre que le terme de "trésor" s'identifie à des richesses monétaires ; il peut s'agir de tout autre chose, véritable trésor pour un érudit tel que Polycarpe, alors Prieur de Ste Croix, mais sans réelle valeur pour le commun de cette époque... archives, documents ou toutes autres notes et informations historiques...

Deux sources pour une seule origine ?
Il est probable que les deux sources d'informations, ou filières, n'en fassent plus qu'une seule unique... comme nous allons le voir maintenant.
Polycarpe, dans ses "annales" donne une étude sur l'inscription funéraire d'une pierre tombale datant de l'année 587. Avec cette information exclusive il ouvre, sans le savoir, des hostilités qui durent encore aujourd’hui. En effet, il est le seul à pouvoir fournir le texte complet de cette épitaphe. Les auteurs qui se pencheront, après lui, sur cette énigme, n'en auront jamais le fin mot, d'où une certaine virulence à l'égard de Polycarpe qui décidera de ne pas livrer toutes ses sources d'information... ou surtout ses documents.
Ainsi Polycarpe déclenche les passions en détenant l'intégralité de l'inscription mortuaire de... Ste CASARIE! Et il donne cette épitaphe, apportant, de ce fait, la preuve qu'il connaît, ou du moins détient, des éléments uniques sur ce propos.
Polycarpe connaît donc, tout ou partie, de l’énigme dite de ‘CASARIE’ et visiblement il ne semble pas particulièrement tenir à la partager. En la matière rien n’a vraiment changé, et dès lors, ceux qui ne pourront faire autant, ou mieux, que Polycarpe de la Rivière, le traiteront de faussaire et de mythomane… rien de bien nouveau sous le soleil des énigmes non résolues!

Reproduction de la page 332 du bulletin de la Société d'Etudes Provençales. L'article intitulé "L'inscrption de CASARIE et Polycarpe de la Rivière" relate les découvertes historiques et insolites de ce Prieur Chartreux a propos d'une pierre tombale fort curieuse... recherchée par les historiens et aujourd'hui disparue.
Polycarpe et le… « trésor des Pères »
Revenons à notre carte "du trésor des Pères" restée bien mystérieuse pour ne pas révéler plus d’éléments tangibles. Sous le texte de ‘sentence’, et plus bas sous le « chemin de Seyou », nous retrouvons le nom KASARI inscrit dans une sorte de parcelle. La phonétique de ce mot est la même que le fameux ‘CASARIE’ de Polycarpe ! Et l’on entend crier au faussaire de toutes parts ! Pourtant, il ne peut s'agir d'une supercherie, car en 1788, les écrits de Polycarpe ne sont pas encore remontés à la connaissance des érudits. Un détail encore échappe à ceux qui se sont penchés sur cet étrange carte : la portion du ‘chemin de Seyou’ qui borde la parcelle Kasari est la seule, rigoureusement droite, visiblement tracée à l’aide d’une règle. Cette rectitude est-elle une information supplémentaire et peu visible indiquant, peut-être, qu’ici l’information est droite… donc certaine, complète ? Mais plus encore: le chemin de Seyou conduit jusqu'à la ferme chartreuse de la Rabary qui portait le numéro treize sur le registre de Ste Croix... La Rabary en vieux dialecte local signifierait "rançon du roi ou du soleil"!
Polycarpe et la « rançon d’un roi »
De quoi racheter un roi ou un soleil, voilà qui devrait représenter une somme importante. Mais au fait…Où a été retrouvée la fameuse vieille bible dans laquelle le message fut caché? Monsieur ‘B’, de Rive-de-Gier, l'a retrouvée, paraît-il, dans une petite cache: une poutre maîtresse de charpente creusée, contenait, sous un bouchon de bois pourri, une petite bible… Oubliée des hommes, couverte de poussière, dégradée par les intempéries, les sauts de température, la bible rongée, abîmée, échoue chez Monsieur ‘B’. Ce dernier la propose à un amateur d'ouvrages anciens que nous connaissons bien et grâce à qui nous avons pu avoir connaissance de cette carte énigmatique. Un dernier détail encore: la poutre de charpente qui abritait la cache, provenait des ruines de... la Rabary!
Polycarpe et le secret de la Rabary…
Une vue de la ferme de la Rabary
La phrase du "plan" mérite une autre observation. On y lit qu’il est question de: ..."Les Trésors"... Il s’agit bien de l’usage du pluriel. S'il s'agissait d'un "seul" dépôt de valeur, tel que nous l'entendons habituellement, on supposerait que le singulier eût été utilisé de préférence, sous la forme : ‘ Le trésor’. Il est probable que dans le cas présent le pluriel ne soit pas le fruit du hasard mais d’un détail supplémentaire. On peut, alors, supposer que plusieurs pièces, ou parties, importantes, composent ces fameux "trésors" mentionnés si soigneusement. Nous pouvons également envisager que la valeur ‘trésoraire’ ne le soit uniquement que pour les Pères Chartreux, ou ceux qui en"connaissent" la composition ou éventuellement la valeur spirituelle et sans doute sacrée... Cependant ne doutons pas que cette ‘valeur’ doit être immense, si elle s’avérait capable de racheter un roi… ou, par exemple, de le réaccréditer par sa véritable généalogie d'origine !
Mais ceci n'est qu'une suggestion de notre part, que rien, hélas plus rien vraiment, ne permet de soutenir... En effet, rien ne prouve que ce dépôt, s'il a jamais existé, soit toujours en place, et à sa place... La Rabary est bien une ferme Chartreuse, c'est indéniable. Avec prudence, et réserves, nous pouvons reprendre un détail, un événement relaté par A.Vachez: "...Ces documents se trouvaient sans doute, parmi ceux que les P.P. Chartreux avaient cachés, avant leur expulsion dans une maison d'un hameau, voisin du couvent, et qui ont été malheureusement livrés aux flammes, il y a cinq ans seulement..." Soit en 1888, au moment où, le 24 mars, Ste Croix devient une commune. La monarchie tente de reprendre son pouvoir et ses droits. De grands désordres s'annoncent dans une fiévreuse séparation de l'église et de l'état... Hasard des événements et des faits ? Ne rêvons pas! Rien dans les écrits de A.Vachez ne permet d'identifier la Rabary comme le lieu où fut brûlée cette somme de documents. Mais il est peut-être utile de signaler ces "détails" qui, en apparences, peuvent n'avoir aucun lien commun... comme être une suite logique et dispersée au fil des écrits et des mémoires éteintes…
Nous reviendrons une autre fois sur cette étrange ferme de la Rabary et ne doutons pas que d’autres surprises nous y attendent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire