dimanche 28 août 2011

témoignage


Nous avons pensé laisser la troisième partie de ce travail sous la forme d’un texte emprunté à un auteur de renom, concernant la région du Pilat. Il s’agit de Pierre VANEL. Le passage que nous avons choisi est extrait de son ouvrage « NOTRE MONT PILAT », de la série ‘Tourisme et voyage’, imprimé à St Etienne pour la Société Anonyme de l’Imprimerie Thequier, en 1932. Les illustrations, de L. PARET, sont celles accompagnant le texte dans ce livre remarquable.
Le plan cartographique est extrait d’un autre fascicule :
« NOTRE PILAT Promenades, excursions, randonnées » de messieurs C. BERTHIER, délégué du Touring-Club de France et R. BARGETON, instituteur au Bessat. L’ouvrage a été réalisé par l’Imprimerie Marc OLLAGNIER à La Terrasse – St Etienne. Date indéterminée. Le site de St Sabin est cerclé à droite de la carte. On retiendra avec profit les lieux intéressant le ‘Curieux de nature’ du Pilat…
Enfin, le plan du site est extrait de l’ouvrage « ETUDE SUR QUELQUES MONUMENTS CELTIQUES DU MONT PILAT ET DE SES ENVIRONS » De Louis DUGAS. Il date de 1927. Ce plan est intéressant dans la mesure où il nous montre le plan de masse sommaire sans l’abondante végétation qui l’envahit maintenant. On déplorera cependant, sur ce relevé, quelques manques, sur lesquels nous reviendrons dans les chapitres suivants (l’aven de St Sabin, le menhir couché et d’autres petits détails un peu trop vite oubliés).
Voici le texte concernant Saint Sabin, extrait du livre de Pierre VANEL. Il s’agit des pages 41 à 43. Nous espérons vous faire partager notre admiration pour l’écriture de cet auteur et le sentiment profondément respectueux qu’il sait faire ressortir à propos de ces lieux de notre patrimoine à la fois humanitaire, traditionnel, superstitieux mais aussi mystique et historique.

VII. - Saint Sabin
Elles demeurent vivantes et solides les vieilles traditions, dans le cœur des habitants de nos montagnes.
Le lundi de Pentecôte, qui est le jour traditionnel, plusieurs messes sont célébrées entre les murs restaurés du petit oratoire de Saint-Sabin qui domine, de si haut, Maclas et la vallée du Rhône.
Venus du côté de Saint-Appolinard ou du côté de Doizieu, ayant gravi des pentes opposées, des centaines d'agriculteurs se rencontrent au sommet, sur le haut promontoire balayé des vents, où le soleil vient les saluer.
Partis de bon matin de leurs paroisses, portant en bandouillère la gourde et le sac aux provisions, ils accomplissent le pèlerinage qu'ont fait tant de fois leurs ancêtres.
Comme eux, autour de la chapelle solitaire, ils se baissent pour recueillir la poignée d'herbes qu'ils rapportent comme souvenir et gage de protection.
Pour la plupart, ils sont de retour vers midi, dans leurs villages. Ils ont leurs semelles pleines de boue et semblent quelque peu harassés. Oh ! si peu !
Mais de tous les promeneurs du lundi de Pentecôte, ils paraissent les moins déçus, les plus contents.
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Et, à mon tour, j'arrive de Saint-Sabin...
J'ai voulu accomplir ce pèlerinage dont j’avais entendu parler si souventes fois... Comme les paysans, mes amis, de la bouche desquels j'ai si fréquemment entendu le récit de la traditionnelle ascension, je suis parti un beau matin...
Derrière l'Œillon, au hameau de Chaumienne, j'ai pris le sentier qui, sans aventure, conduit à pied d'oeuvre...
Quarante minutes de sous-bois et d'éclaircies charmantes, et voici, là-haut, sur le crêt, la vieille chapelle...
Avant d'y grimper, il faut, à la ferme toute proche, s'en aller quérir la clef... On me la confie, attachée à un morceau de bois où le couteau de pèlerins successifs a gravé de multiples initiales... Ainsi fixée, la clef risquera moins d'être perdue dans les bruyères ou les roches des «chirats» !...
...Et me voici dans la haute cabane où saint Sabin reçoit ses amis. ...Un autel avec la croix, le portrait du saint, deux statuettes et six chandeliers... Sur une petite table, un plat d'étain où sont déposées les offrandes de ceux qui m'ont précédé... Quelques bancs et, au-dessus, la voûte peinte en bleu que marquent les moisissures...
Tout est silence et solitude, et mes pas résonnent étrangement dans l'étroite chapelle où le jour ne pénètre que faiblement... Où êtes-vous, pèlerins de jadis, où j'ai compté sans doute mes ancêtres ?... Où êtes-vous, groupes nombreux des lundis de Pentecôte..., pittoresques caravanes de lointaines paroisses que précèdent leurs curés ?...
Aujourd'hui, il n'y a ici que saint Sabin et moi, et aussi le vent qui éternellement gémit autour de ce haut promontoire...
Je fais, extérieurement, le tour de la chapelle, et m'avance au nord-est sur la proue des rochers en dessous desquels s'écroule, vers Véranne, l'un des plus formidables « chirats » du Pilat... Des nuées que le vent chasse m'enveloppent un instant...
Il est midi... De ce haut lieu, je vois, au loin, plusieurs clochers... L' « Angélus », en cet instant, doit y sonner, mais aucune vibration ne monte jusqu'ici...
Mes yeux s'emplissent de l'immensité, et tout mon être se laisse aller à cette ivresse des altitudes qui est la meilleure récompense de l'effort...
...Mais l'heure passe... Des chèvres curieuses sont grimpées de la ferme voisine : je descends sur leurs traces...
Deux heures après, c'est Maclas...
Du « départemental » qui m'emporte, je vois encore Saint-Sabin et les Trois-Dents (qui disparaissent bientôt dans les nuées (de l'orage dont les approches, depuis ce matin, m'ont préservé du trop ardent soleil de juillet...
Adieu donc, ô Sabin, vieil évêque dont le lointain souvenir aux contours effacés subsiste néanmoins sur ces sommets...
Survie imprécise et mêlée, sans doute, pleine d'ambiguïté, et à propos de laquelle me revient bizarrement, tandis que le train s'éloigne, un mot de Jules Lemaître :
— « Si le choix m'en avait été laissé, j'aurai choisi d'abord d'être un grand saint..., puis une femme très belle, puis un grand conquérant ou un grand politique, enfin un écrivain ou un artiste de génie. »
Oui..., mais d'abord un saint !...
Et il est bien sûr, qu'au simple point de vue humain, l' « immortalité » d'un saint est la plus durable et, si l'on peut dire, la plus vivante. Pour ne citer que deux tombeaux voisins, voisins dans le temps et dans l'espace, il est évident — je l'ai vivement éprouvé — qu'il y a infiniment plus de vie, infiniment plus de chaleur auprès de la châsse des Dombes où dort le Curé d'Ars, qu'auprès de la romantique sépulture de Saint-Point où repose Lamartine.
...Et, puisqu'il est question de « suivie », n'est-ce pas le moment de rappeler la célébrité prolongée, la fidélité reconnaissante qui environne un autre personnage du Pilat : Laurent Odouart ?
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Pour conclure ces emprunts en texte et illustrations, nous souhaitons également ajouter un petit encart de la page 6 du livret NOTRE PILAT d’où est extrait le plan cartographique. Il nous semble toujours et plus encore que jamais d’actualité, à notre époque où le respect des sites et de leur environnement n’est plus de coutume… que ce petit avertissement devienne une sorte de devise pour tous les visiteurs et chercheurs…
Vous qui aimez nos beaux sites
Soyez respectueux
De leur propreté et de leur beauté
Ne laissez à l’abandon
Ni papiers ni détritus
Faites-les disparaître
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Ne jetez pas de pierres dans les prés
MERCI

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